LONG TIME NO SEE


Alfonse, notre petite caravane, a déjà plus de trois ans. Ce gros deux roues m’est toujours aussi cher mais je n’ai plus autant l’occasion de le voir.
A présent, il est autonome et part sur les routes ; il embarque notre équipe et se gare lors d’événements un peu partout.
 
Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est grâce à ce petit gros, c’est véritablement lui qui nous a permis de sauter le pas de l’entrepreneurial tout doucement, à notre rythme. Sans contrainte, sans investissement, sans obligation, nous avons mûri en servant des cocktails artisanaux.
 


Je sais que l’image renvoyée est bucolique, un couple, une jolie caravane fleurie et des cocktails haut de gamme où tout est fait maison. Évidemment, la réalité au quotidien est moins poétique car même si travailler avec Alfonse est un plaisir inestimable, nous étions hiver comme été, sous un soleil tapant ou avec les doigts gelés dans notre roulotte, toujours loin de chez nous à tenter de gagner notre vie.
 
Avec une météo rarement clémente, et quelques passages difficiles, Alfonse nous a quand même offert le temps et le confort de nous tester , il nous a permis de se rôder tout en consolidant notre concept, sans pression et après tout, en amoureux.
 
A travers ces quelques lignes, j’ai envie de dire à quel point Alfonse m’est cher, c’est évident. Il est le début de notre histoire, le premier chapitre de notre aventure ,mais ce n’est pas que l’origine du projet qui me touche mais plutôt notre persévérance. Car oui, nous avons roulé d’évent en évent, choisissant avec soin nos destinations et nos partenaires sous un vent nouveau de liberté mais je me souviens surtout de la difficulté de payer le loyer quand en Wallonie on frôlait encore un intérêt proche du zéro pour les cocktails et la mixologie.
 


Combien de fois, n’avons-nous pas désespéré quand Alfonse était réduit à une « caravane à mojitos » ou quand on nous demandait de ranger nos shakers au profit d’un bon vieux rhum-coca? Bien sur, nous avons été tentés de nous engager auprès d’une multinationale et devenir représentant d’un système dont nous ne partageons pas les valeurs, de se lier aux chaînes d’un portefolio composé de 20 alcools industriels imposés ou de signer un contrat d’exclusivité pour pouvoir rentrer un peu de cash. Oui, nous avons été tantôt tentés, tantôt tenaces tantôt découragés.
Mais à deux nous sommes plus forts et notre ferme détermination découle sûrement d’une réaction spontanée à l’expérience cumulée dans l’Horeca. Néanmoins, j »entends encore l’écho de phrases un peu bitter, lâchées comme cela dans les airs sans chercher de réponse. Petites phrases innocentes mais insidieuses qui volent doucement en murmurant: – êtes-vous sérieux avec cette histoire de caravane ? -Êtes-vous certains en voulant tout faire maison ? -Et cette histoire farfelue de boycotter l’industriel, soyons sérieux, il faut vivre avec son temps…


Nos choix étaient clairs et il nous fallait soit continuer vers notre idéal soit plier.
 
Valentin et moi avons des avis souvent divergents mais nous avons aussi la chance d’être sur la même longueur d’ondes et de compter mutuellement l’un sur l’autre. A mes moments de doute, il répondait très sereinement par un « ça va aller ». Pour moi, s’il le disait, c’est que c’était vrai. La logique imparable de l’amour et de la confiance aveugle !
 


Si je repense à tout ça ce soir, c’est qu’exceptionnellement, j’ai travaillé dans le gros ventre d’Alfonse. J’ai ruminé un temps sur notre parcours tout en passant ma main sur les plans de travail en chêne. Notre équipe est en congé (bien mérité) alors mon amoureux, moi & notre amie Fanny (Fanny Myard photography) avons tracé la route avec lui. J’ai repensé au plaisir de découvrir de nouveaux lieux à chaque prestation, de se retrouver dans ce tout petit espace familier où tout est beau et à portée de main. Puis,
une fois le dernier cocktail servi, je ressens l’humidité de la nuit de septembre gagner petit à petit mes membres; quelques insectes s’irradient près des ampoules. Je repense à notre parcours téméraire, je me mets à penser à Botanical by Alfonse au chemin parcouru et surtout au luxe immense d’avoir un toit au dessus de sa tête et de profiter d’un chauffage ! 


Mon petit Alfonse, sache que si un jour mon rêve bat de l’aile, promis, on recommence tout depuis le début rien qu’avec toi.

Toutes les photos sont celles de Fanny Myard


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