Il est 6 heures du matin, Valentin et moi, les yeux mi-clos, montons dans le train à la gare de Namur direction Bruxelles. Aveuglés par la fatigue dans un premier temps, l’excitation nous réveille sur la route et remonte nos horloges internes, déréglées d’indépendants de l’Horeca. A Bruxelles, on saute dans le Thalys avec l’entrain de deux gosses qui partent à Disney , mais Paris nous réserve bien mieux comme attraction: c’est le départ de notre « (too much) FOOD TRIP IN PARIS « !
Invités au Hilton Opéra
Rappelle-toi, en septembre Valentin remportait la Bloody Mary White compétition avec, à la clé, quelques jours à Paris ; dodos au splendide Hilton Opéra, dîner au restaurant Lazare et des cocktails offerts ! Le rêve !
Nous sommes un jeudi matin, il est 10h tapantes quand le groom propose de m’alléger des bagages et de les monter dans notre chambre. Ce genre de petites attentions sont inlassables, elles ne devraient jamais passer inaperçues et je remercie chaleureusement le garçon. Sophie, la directrice de l’hôtel est belge et accourre vers nous pour nous saluer. Après cinq minutes à l’Hilton Opéra, Valentin et moi nous sentons déjà comme à la maison !

A midi sonne l’appel des bistrots parisiens
Libérés de nos sacs, main dans la main, nous ouvrons les hostilités, le but est de manger et boire le mieux possible, de varier et de dénicher les bons plans.
Sur le trottoir, un jeune homme de café beugle des commandes avec un accent à couper au couteau, il dessine quelques traits sur un calepin comme s’il faisait semblant d’écrire. Il gueule le nom des plats à travers une porte vitrée à peine ouverte à destination d’un chef qui a l’allure d’un moniteur de ski à la retraite. Le vieux a la face burinée mais semble passionné par l’omelette baveuse qu’il est en train d’envoyer. Nous sommes d’emblée convaincus, on entre ! Le bistrot est en réalité un long couloir où les petites tables se superposent quasiment par manque d’espace. Excepté le manque de place, l’endroit a tout d’une brasserie ; rampe de bar chromée, boiseries aux murs, pichets d’eau et ardoises au plat du jour unique. 10 euros, semelle tracée, laitue, frites à volonté avec un café, qui dit mieux ? Évidemment, pour moi, ça sera une omelette-salade, le lieu n’a pas l’air porté sur le végétarisme ! On arrose le tout de vin rouge, on fait la causette au voisin de table presque assis sur mes genoux , puis l’on s’en va, repus vers l’Orangerie.
L’art ça donne faim !
Après l’expo éphémère, nous plongeons dans les nymphéas avec une bonne tonne de touristes. Les couches picturales successives sont emplies d’émotions et de lumières, la surface de l’eau captée par Monet nous hypnotise un bon moment avant de nous relâcher. Nous quittons les tableaux avec une fringale égale à celle de la sortie de la piscine, l’eau ça creuse ! Nous retournons vers notre incroyable hôtel avant de rejoindre le 11e et la buvette.
Des vins naturels
Valentin s’acclimate en un rien de temps, il indique le chemin aux japonais perdus dans le RER et jongle aisément avec les arrêts. Nous arrivons à la fameuse buvette ; qu’il est agréable d’être à deux, juste relaxe, à boire du vin et en picorant de bonnes choses. Ici, les vins sont naturels c’est à dire que le raisin est bio, la vinification est sans intrants, avec peu ou pas de sulfites. Les vins naturels c’est un retour au terroir qui révolutionne notre façon de consommer. Guidés dans nos choix de pinards, on tapisse nos estomacs d’accompagnements goûtus et on ressort de là ivres de plaisir !
La nuit, tous les plats sont permis
Nos pas sont poussés par le vent, on flâne et on se balade jusqu’à ce qu’en véritables foodies noctambules, on pousse la porte d’un restaurant asiatique vide, qui ressemble à un dépôt, vide. Entre les caisses et les piles de packs de canettes, on se fraie un chemin jusqu’au comptoir. Une fois sous la lueur du néon blafard, je mesure l’ivresse qui nous habite ; nos quatre joues rougies s’agitent de haut en bas comme si des nez de clowns les avaient remplacées et on peine à commander tant on rit ! Riz, je le prends sauté aux légumes surgelés, sur-réchauffé et servi dans un bol en plastique : je tais mes remarques et me jette sur mon plat. A cette heure de la nuit, les fins gourmets sont au lit ! Valentin aspire ses nouilles avec une rare voracité et m’assure que ce sont les meilleures qu’il ait jamais mangé, .. Aah, l’alcool !
Un petit dernier
La nuit est encore jeune et nous voilà requinqués nous décidons alors de profiter du bar de l’hôtel, quoi de plus marrant que de commander des cocktails compliqués ?
Morning Paris !
Comme je l’ai déjà dit, le mot préféré de Valentin dans notre richissime langue française est le mot « buffet ». Alors, imagine un peu ses yeux au réveil quand il émerge et se rend compte que le buffet est la première étape de sa journée ! Et quel festin nous attend ; le déjeuner du Hilton est une ode au lever du jour ; le breakfast se veut continental, anglais, sucré, salé et s’étire en brunch et se termine pour ma part en sieste salvatrice. Et moi qui suis déjà heureuse avec le déjeuner en poudre du Formule 1, je ne vous raconte pas notre état de joie.
Nos coups de cœur
Direction le marais, cachés sous un gros parapluie, nous cherchons un marché couvert où s’abriter, picorer, siroter et s’embrasser tranquille. Au détour d’une rue, je me retrouve entourée de meubles anciens, de sulfures colorés et d’orfèvrerie d’époque.
Je me perds entre les étoffes et les vieilleries, le cœur battant et l’œil du chineur frétillant dans son orbite. Ça alors, se retrouver en pleine brocante géante ; il faut que je me pince, je rêve ! Après avoir scanné le plus d’emplacements possibles, après avoir épuisé mon regard sur des antiquités, je me laisse entraîner par Valentin qui a trouvé l’entrée du fameux marché ; le marché des enfants rouges. Les échoppes y sont fixes et mécaniques, une carapace métallique les recouvrent quand l’étal est vide, c’est ingénieux comme système ! Je m’offre un ramen chez « le stand », le spécialiste du végétarien et du bio. Valentin quant à lui, prend un jus de betterave, il se réserve sagement pour la suite car notre objectif est de goûter à un peu de tout ! Arancine à la truffe, pecorino, grana panado, et vins rythment notre visite du marché qui se termine en beauté par l’incontournable sandwich-crêpe garnis d’Alain miam-miam.
Prévenez-moi si vous êtes au bord le crise de foie, car ce n’est que le début de notre séjour culinaire. Et comme l’appétit vient en mangeant, voilà que Gargantua remplace petit appétit par gigantesque gueuleton.
Un de nos coups de cœur est sans nul doute le restaurant Lazare. Derrière cette cuisine généreuse et simple se cache un chef étoilé qui a tout lâché pour ouvrir une brasserie loin des bling bling et des diktats des guides. Les images valent mieux que des mots, régalez vos pupilles !
Pigalle, la canaille
Le samedi soir à Paris c’est autre chose que le samedi soir sur notre place du marché aux légumes. Les touristes s’encanaillent à Pigalle sous les écrans roses et les rideaux de velours rouges. Nous sommes à la recherche d’un bar à cocktails, le Dirty Dick. Fort heureusement le nom de l’établissement ne représente en rien la carte des boissons proposées à l’intérieur.
Bienvenus dans les Caraïbes, les seaux de cocktails sont remplacés par des coquillages géants d’où ressortent quelques pailles multicolores. Ils ressemblent à des oursins énormes autour desquels se pressent les bouches assoiffées. Le bar est noir de monde, nous avons à peine la place pour boire un verre mais qu’importe, le show en vaut la peine. De la cannelle en feu, des citrons éventrés sur le bar débordé, des shakers qui clinquent, des bartenders qui transpirent, c’est tout ce qu’on aime ! On boit de bonnes choses en se faisant bousculer, on rit, on recommande, on admire et c’est bien plus tard qu’en sueur à notre tour, nous retournons nous perdre gaiement dans les ruelles vivantes de la capitale.
Goûter pour créer
Cette virée à Paris est la récompense de Valentin, c’est un cadeau tout entier placé sous le signe de la découverte. On y puise nos inspirations et nos envies pour l’ouverture de notre bar, Botanical by Alfonse. C’est un mini voyage culinaire, un break bienvenu dans le tourbillon qui nous enveloppe avant l’inauguration.
Nous dédions cette aventure à Alfonse qui j’en suis certaine, aurait adoré être avec nous.
Un merci tout spécial à Sophie et Thomas de nous avoir autant gâtés.
Je reconnais ta magnifique prose Chacha…et en plus on profite de Paris et de vos découvertes comme si on y était… kiss
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Oh ! Je suis contente que ça te plaise Jeanne ! Comment vas-tu ? Nos journées de cours cote à cote me manquent beaucoup ! Je t’embrasse ❤
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