Un beau matin d’août, un mail particulier vient se glisser parmi les autres. Il est écrit dans la langue de Vondel et le seul truc que l’on y comprend est : Gefeliciteerd !
C’est à partir de là que l’histoire commence vraiment.
Valentin est pré-sélectionné pour la compétition Bloody Mary White et donc invité à concourir car sa recette a plu et j’en suis la plus heureuse !
Un représentant de la distillerie et de la compétition, va sentir, goûter et éplucher chaque ingrédient du cocktail. La boisson sera examinée à la loupe, disséquée, elle devra répondre à bien des critères afin d’espérer accéder au stade supérieur. Et ce stade, c’est l’étape clé, l’opportunité de présenter sa création à un jury hors norme composé d’Hannah Van Ongevalle, de Rémy Savage et de Dieter Moeyaert

Mon amoureux a la joie au cœur et un filet d’anxiété sous la peau qui se glisse jusqu’à moi quand il me prend dans ses bras.
L’effet de surprise passé, notre appartement est baigné d’allégresse ! Nos ambitions, aspirations, désirs et rêves s’entrechoquent dans des discussions animées et provoquent une vive émotion dans nos caboches. Et dire, qu’il osait à peine s’inscrire !
C’est Hannes qui s’occupe de représenter la Deluxe Distillery et c’est à lui qu’incombe la sérieuse responsabilité de sélectionner les meilleures recettes à travers plusieurs pays.
Lors d’un après-midi ordinaire, il nous téléphone et sans crier gare, nous annonce vivement qu’il arrive pour tester le cocktail de Valentin !! Vous pourriez penser que ce n’est pas très sympa de débarquer comme ça, à l’improviste, mais détrompez-vous, si Hannes nous fait le plaisir de nous surprendre, c’est que par deux fois nous avons failli ne pas concourir pour incompatibilité d’agenda ! En venant jusqu’à Namur, il assure à Valentin une chance de poursuivre l’aventure.
Du coup, voilà qu’Hannes est en route! Courtrai-Namur, ça nous laisse combien de temps ? Deux heures ! Tout au plus, si on a de la chance et qu’il est retenu dans la circulation !
Challenge accepted ! En deux heures, il faut préparer un lait de pistache maison et faire prendre à la vodka Mary White un fat-washing à l’avocat ( Sérieux , y’avait pas moyen de faire plus compliqué ?) , et enfin soumettre à Hannes un cocktail du feu de dieu qu’il ne pourra pas oublier !
Petit détail supplémentaire, parce que nous aimons la difficulté : n’ayant pas de bar fixe mais une jolie caravane qui sommeille dans un garage sombre, il nous faut en 1/4 de tour, sortir le véhicule et lui dégoter un lieu accessible et joli ! On ne va quand même pas servir Hannes dans une allée de garages !
Après quelques cris d’excitation et d’exaltation, après un bons nombres de sprints et de mouvements en tout genre, il reste 5 min et 36 sec avant l’arrivée d’Hannes.
Honnêtement, ce n’est pas dans mes habitudes de courir. Avoir autant secoué mon corps m’a fait suer comme un festivalier en « abl » à Dour. Une dernière foulée et à demi morte, j’arrive devant Alfonse ; le spectacle qui m’y attend me fait exploser de rire ! Alfonse est dans l’herbe au bord de la capitainerie namuroise, le soleil est orange et son éclat brille autant sur la Meuse que dans le ciel au dessus de la citadelle. J’entends les clapotis des par-battages et le bois du ponton qui grince quand il monte et descend sur le rivage. Le cadre est parfait, la seule chose qui cloche, c’est Alfonse qui tangue dangereusement sur le halage. C’est comme s’il avait deux pneus crevés du même coté !
Là, j’aperçois Valentin qui, manivelle en main, cheveux ébouriffés et regard fou, se bagarre avec les patins de la caravane. Alfonse est trop penché, ses étagères sont vides, une allonge électrique lui sort du derrière comme une queue qui se déroule à l’extérieur et ne se raccroche à rien.
A cet instant, deux souliers noirs descendent vers la capitainerie. Je peux les voir et les entendre : ils sonnent comme les talons de l’inspection (- Mon dieu, j’ai peur que Valentin ne rate sa prestation faute de temps, c’est un shaker qu’il devrait secouer, pas une manivelle !).
En partant des souliers, mon regard remonte sur le juge et tombe nez à nez avec des yeux brillants de bienveillance. Hannes après deux heures de route, m’a l’air franchement sympathique comme garçon ! Son visage paisible me détend et j’encourage Valentin à commencer son premier cocktail.
Le Mary and Jasmine est, contre toute attente, posé sur le bar prêt à être bu. La lumière du bord de l’eau scintille sur le verre et sur la surface du liquide qui suit la même horizontale que le bar. Le cocktail, né dans la précipitation, est aussi oblique qu’Alfonse.
Hannes goûte, une fois, deux fois, mais ne laisse rien transparaître. Amical, il nous remercie chaleureusement puis s’en retourne pour deux heures de route.
Je vois bien que mon amoureux est déçu de son service. Iy ne dit mot jusqu’à tard ce soir là. Il en va de même pour Alfonse qui roule silencieusement jusqu’à son garage. Il est aussi déçu, lui qui aime être beau, illuminé et bien décoré; il était vide, bancal et pas même branché.
Valentin est amer, il me demande ce qui l’a poussé à s’inscrire, il me parle de ses maigres chances face aux autres bartenders, toujours plus inventifs et talentueux. Je lui prends la main et lui chuchote que pour moi, c’est lui le grand gagnant.
Les jours passent sans nouvelle d’Hannes, peu à peu la déception teintée d’espoir fait place à la résignation.
Puis un soir, un email vient rompre toutes nos certitudes : il est sélectionné ! Il passera devant le jury et c’est certain, maintenant, plus rien ne peut l’arrêter !
A suivre…

Hello Charlie,
It’s great to see that you have built this business from the ground up with hard work and vision. You always were a smart woman and a hard worker and I believe this will be a great success. Happy holidays and all the best for 2018!
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