On a testé Vegan à Amsterdam

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Bistrot au coin d’une rue, Amsterdam

Quand on prend la route pour un city trip, on a souvent en tête de profiter un max de sa journée et d’exploiter à fond son temps sur place. Expos, monuments, jardins, on se voit déjà sac au dos, carte de la ville dans une main, appareil photo dans l’autre.

Ça, c’est la vision d’un city trip traditionnel. Ici, à Amsterdam, il vaut mieux laisser tomber la liste des choses à voir parce que vous finirez sans doute, la tête dans un donut à la crème, perdu dans un quartier inconnu après avoir voulu tester un coffee shop.

Tout est fait pour se perdre à Amsterdam, les canaux qui se répètent et se ressemblent, les cyclistes à la rapidité saisissante qui jouent aux rabatteurs : je n’ai pas le temps de regarder autour de moi pour me situer, je dois juste bouger, avancer, faire quelque chose sous peine d’avoir un pneu roulant sur le tibia. J’ai beau y retourner, je me fais toujours avoir.
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Lou dans les rues d’Amsterdam

Comme nous avions échoué dans nos plans, qu’aucun musée n’a été visité (pour ça qu’ils sont gratuits je vous dis !) et que la force m’avait manqué pour chiner proprement dans les innombrables friperies, il fallait bien qu’on se dirige vers un truc intéressant.

Amsterdam, la capitale du munchie, regorge de trésors comestibles en tous genres. N’étant pas comme ces stoners irresponsables, il était hors de question d’engloutir « une crasse » issue d’un magasin-distributeur ni de se faire péter un fast-food.
C’est là que notre pote Mathieu, parfois aussi guide spirituel, nous a parlé d’un resto vegan (avec un sol en terre battue-argument de taille) qu’il avait fortement envie d’essayer.
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Mathieu surpris, Amsterdam.

Je vous avoue, je ne suis pas les hippies qui graillent avec leur doigt, les pieds nus dans l’herbe, soi-disant pour retrouver le contact avec la nourriture, et je me contrefous de savoir si un végétarien est « vraiment végétarien » s’il  s’autorise des crevettes le dimanche.

Mais bon, je dois dire qu’en tant qu’habitante de cette planète, il faudrait être totalement aveugle pour ne pas remarquer le changement qui s’opère autour de la nourriture. La bouffe, c’est à la mode: qu’on soit végétalien ou pro-local. En tant que terrienne (loin de classifier les modes alimentaires ,mais bien contente de l’évolution des mentalités)  j’étais emballée à l’idée de goûter tout un menu où « le seul meurtre  » –comme ils disent, est commis sur les légumes (pauvres petites carottes!).
Après avoir tourné en rond (même le plan en arc de cercle de la ville est conçu pour vous embrouiller), nous avons trouvé la ruelle du resto! Au début, j’avais plus l’impression d’arriver dans un head-shop, j’étais sûrement conditionnée par le contexte.
L’unique pièce éclairée par un néon accueille une table commune avec toile cirée . Il y a des plantes partout, deux trois galets par terre posés sur de la terre (le fameux sol en terre battue de Mathieu). J’ai beau avoir les yeux ouverts, j’ai peine à croire que je ne suis pas à l’arrière d’une cantine dans les Dom-Tom.
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Caribean Japonese Food, Amsterdam.

Math, Lou et moi  prenons immédiatement place, lâchant nos sacs au sol comme on le faisait chez maman, s’échangeant la carte avec une dalle de tous les dieux. Le boui-boui japonais des Caraïbes (si vous n’êtes pas trop regardant coté poussière et serpillière) vous fait sentir comme à la maison. Valentin, lui a plutôt envie de déguerpir. Il nous demande plusieurs fois si nous sommes « vraiment sûrs de rester », si l’on n’a pas envie d’un «vrai resto»,  et qu’il est même prêt à nous l’offrir, …en vain.

Lui qui se voyait déjà commander un stew hollandais dans un restaurant au bord du canal, à la déco scandinave soignée, lui qui se voyait déjà le dos contre un bon dossier un Negroni à la main, a bien peine à croire qu’il est assis sur un banc (où, en plus, quelques inconnus ne vont pas tarder à le rejoindre).

Its all about sharing, s’enquit Mathieu en réponse, souriant et enthousiaste !

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Nous et la clientèle du soir
Y a quand même un truc qui me chiffonne avec cette tendance vegan:
-pourquoi les types qui ne veulent plus rien avaler d’animal se voient obliger de manger des reproductions d’alimentation carnivore ? Tout ces trucs là:  le faux steakles nuggets, les wings, … Pourquoi ?
Y a des chefs qui se cassent la tête pour mettre les légumes à l’honneur : le topinambour dans son lit de betteraves, la déclinaison du salsifi, …
Alors qu’au contraire, au rayon vegan, tu te retrouves avec l’escalope de maïs, les saucisses de graines germées,... Ce n’est pas un peu du recopiage tout ça ?
Si tu n’as pas envie de saigner Donald, de le faire rôtir puis ronger ses ailes, pourquoi s’obstiner à les reproduire à l’identique version pois-chiche?
Déconcertée, je choisis une salade d’algues et une assiette de samosas.
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Les samosas (pas mal du tout)

 Évidemment, Valentin opte pour le cheeseburger, à coup sûr la meilleure façon d’être déçu selon moi. L’alternative au bacon pend mollement sur un fromage végétal. Imaginons un peu que vous aimiez les légumes ,mais que soyez forcés à manger de la viande, est-ce que vous feriez en sorte que votre haché ait l’apparence d’un brocoli?  Pourquoi ne pas servir un sandwich vegan pour ce qu’il est, sans s’évertuer à le faire ressembler à un triple-whopper? Ça n’a pas de sens tout ça.

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Le cheeseburger de Valentin et sa boisson bio

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Soit, nous sommes trois à se régaler, mais tous hilares, après cette longue journée pendant que le chef cuistot jamaïcain s’affaire derrière le rideau de cuisine, un pétard sur l’oreille. D’autres curieux s’attablent avec nous, d’autres tentent de se faire une place sur l’unique canapé dans le feuillage, l’endroit a des airs d’auberge de jeunesse. Deux filles plantureuses se réconfortent en disant qu’elles peuvent tout avaler sans modération puisque… c’est vegan!

Ma foi, on dirait que l’étiquette végétalien est le sacro-saint de l’alimentation et en plus ça ne fait pas grossir !

 

 

Valentin, en pouffant, m’avoue que son faux-burger ne lui goûte pas du tout, qu’il lui faut sortir d’ici assez vite et se nourrir d’autre chose. Notre petit groupe, à trois-quart repu, retourne dans les dédales de la belle Amsterdam après cette expérience culinaire qui ,malgré des extrêmes et certaines exigences dont je doute,  propose une nouvelle façon de respecter le monde autour de nous. Et finalement, n’est-ce pas ça l’important?

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