- Bistrot au coin d’une rue, Amsterdam
Quand on prend la route pour un city trip, on a souvent en tête de profiter un max de sa journée et d’exploiter à fond son temps sur place. Expos, monuments, jardins, on se voit déjà sac au dos, carte de la ville dans une main, appareil photo dans l’autre.
Ça, c’est la vision d’un city trip traditionnel. Ici, à Amsterdam, il vaut mieux laisser tomber la liste des choses à voir parce que vous finirez sans doute, la tête dans un donut à la crème, perdu dans un quartier inconnu après avoir voulu tester un coffee shop.

Comme nous avions échoué dans nos plans, qu’aucun musée n’a été visité (pour ça qu’ils sont gratuits je vous dis !) et que la force m’avait manqué pour chiner proprement dans les innombrables friperies, il fallait bien qu’on se dirige vers un truc intéressant.

Je vous avoue, je ne suis pas les hippies qui graillent avec leur doigt, les pieds nus dans l’herbe, soi-disant pour retrouver le contact avec la nourriture, et je me contrefous de savoir si un végétarien est « vraiment végétarien » s’il s’autorise des crevettes le dimanche.

Math, Lou et moi prenons immédiatement place, lâchant nos sacs au sol comme on le faisait chez maman, s’échangeant la carte avec une dalle de tous les dieux. Le boui-boui japonais des Caraïbes (si vous n’êtes pas trop regardant coté poussière et serpillière) vous fait sentir comme à la maison. Valentin, lui a plutôt envie de déguerpir. Il nous demande plusieurs fois si nous sommes « vraiment sûrs de rester », si l’on n’a pas envie d’un «vrai resto», et qu’il est même prêt à nous l’offrir, …en vain.
–Its all about sharing, s’enquit Mathieu en réponse, souriant et enthousiaste !


Évidemment, Valentin opte pour le cheeseburger, à coup sûr la meilleure façon d’être déçu selon moi. L’alternative au bacon pend mollement sur un fromage végétal. Imaginons un peu que vous aimiez les légumes ,mais que soyez forcés à manger de la viande, est-ce que vous feriez en sorte que votre haché ait l’apparence d’un brocoli? Pourquoi ne pas servir un sandwich vegan pour ce qu’il est, sans s’évertuer à le faire ressembler à un triple-whopper? Ça n’a pas de sens tout ça.

Soit, nous sommes trois à se régaler, mais tous hilares, après cette longue journée pendant que le chef cuistot jamaïcain s’affaire derrière le rideau de cuisine, un pétard sur l’oreille. D’autres curieux s’attablent avec nous, d’autres tentent de se faire une place sur l’unique canapé dans le feuillage, l’endroit a des airs d’auberge de jeunesse. Deux filles plantureuses se réconfortent en disant qu’elles peuvent tout avaler sans modération puisque… c’est vegan!
Ma foi, on dirait que l’étiquette végétalien est le sacro-saint de l’alimentation et en plus ça ne fait pas grossir !
Valentin, en pouffant, m’avoue que son faux-burger ne lui goûte pas du tout, qu’il lui faut sortir d’ici assez vite et se nourrir d’autre chose. Notre petit groupe, à trois-quart repu, retourne dans les dédales de la belle Amsterdam après cette expérience culinaire qui ,malgré des extrêmes et certaines exigences dont je doute, propose une nouvelle façon de respecter le monde autour de nous. Et finalement, n’est-ce pas ça l’important?