Mandarine Napoléon – competition 2019

Hé oui, j’ai  une nouvelle aventure à vous raconter !

Lundi passé, très tôt (trop tôt), nous avons quitté notre petite ville de Namur qui somnolait encore sous un épais manteau de neige.

La citadelle ressemblait à une grosse chantilly coulante qui se déversait sur les flancs et rendait fumante l’eau des deux fleuves. La voiture a suivi la Meuse en bravant le blizzard jusqu’à la splendide Rotterdam. Après trois grosses heures, on met pied à terre, devant l’hôtel New York.

Ça y est, nous y sommes ; c’est le jour de la finale du concours Mandarine Napoléon Belgique-Hollande.

L’hôtel est situé à l’entrée de la Holland Amerika Line, sur la rive sud de la Nouvelle Meuse.  De là, des centaines de milliers de migrants partirent jadis pour l’Amérique du Nord dans l’espoir d’une vie meilleure.

A notre tour, mais dans des circonstances bien différentes et pour une toute autre raison,  nous regardons l’étendue d’eau, notre regard se perd un instant au-delà de la ligne d’horizon, là où d’autres rêveurs imaginaient cette terre inconnue.  En effet, ce soir, le gagnant de la finale de la compétition Mandarine Napoléon remportera les honneurs et un voyage à Brooklyn !

C’est le troisième concours de Valentin, mais il est toujours aussi stressé. L’anglais est une barrière indéniable mais je sais qu’une fois derrière le bar, il récupère immédiatement ses aises.

Moi je ne lui dis pas, mais je suis plus stressée que lui. Il faut pouvoir maîtriser ses nerfs pour participer à ce genre de chose : parler devant un jury, expliquer ses choix, commenter sa technique, faire preuve d’humour et rester vif ; tout en élaborant un cocktail harmonieux. Il faut être agile, faire preuve de dextérité, et d’éloquence tout à la fois. Très peu pour moi ! J’ai déjà les yeux écarquillés de peur quand les autres candidats passent tour à tour alors, quand Valentin apparaît, mon cœur s’arrête net. Boum! J’ai même du mal à le filmer !

Faut dire qu’il ne me rend pas la tâche facile. Par exemple, on a trimbalé son bloc de glace pure depuis Namur, parce qu’il tenait à le découper entier devant les jurés…

Le stress ! Je regardais le chrono, anxieuse, pendant qu’il sciait vigoureusement le bloc sur le bar en espérant qu’il n’y perde pas le bouts des doigts ou qu’il ne soit disqualifié par le temps imparti. Valentin gère, il termine la découpe, se redresse, sourit, et se lance dans une présentation parfaitement cool et maîtrisée (bon j’exagère, mais je ne peux être objective! ). Il pose ensuite devant les jurés, sa revisite très personnelle d’un Gimlet à la Mandarine Napoléon.

Dans son Gimlet, le cordial est infusé au poivre rose et à l’aspérule odorante parce que dans son enfance, sa maman versait abondamment la Mandarine Napoléon dans la marmite de sauce au poivre rose. L’odeur parfumait la cuisine, et il adorait ça.

Et l’été, quand il faisait très chaud, elle préparait du maitrank avec l’aspérule odorante de son jardin et de la Mandarine Napoléon. Ses souvenirs sont souvent le point de départ de la création de ses cocktails et c’est pour ça qu’ils sont touchants.

Valentin à la coupe en main, il la brandit fièrement, tout sourire.

Nous sortons un instant devant l’hôtel avant d’aller fêter la victoire dans la splendide Rotterdam. On regarde au loin et je vous jure qu’en observant bien, on peut voir les States à l’horizon !

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GLOBAL COCKTAIL COMPETITION – Patrón Perfectionists 2018 //aftermovie //

Il y a quelques jours, Valentin participait à la finale Benelux de la compétition Patrón Perfectionists. Pourquoi ce concours et pas un autre ? Parce que chez Alfonse, on a un vrai penchant pour les téquila de terroir , je te l’explique tout bientôt dans un article dédié à ce cocktail qui nous a presque amené à la victoire ! Stay tuned.

https://www.patronperfectionists.com/

 

The Botanist Cocktail Competition 2018-déniche les trésors de ton environnement

 

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The Botanist Gin et  The Nectar invitaient les bartenders belges à un concours tout particulier :  The Botanist Cocktail Competition 2018 !

The Botanist Cocktail 2018 n’est pas n’importe quelle compétition puisqu’elle se base essentiellement sur la cueillette et sur la recherche d’ingrédients locaux dans son environnement proche. –Créer à partir de ce que la nature nous offre tout autour de soi, le thème ne pouvait pas mieux coller avec notre philosophie.

C’est donc avec joie que nous avons accueilli cet événement chez nous, à Botanical by Alfonse.

Pendant toute une après-midi, nous avons reçu une jolie brochette de bartenders plus talentueux les uns que les autres, tous prêts à montrer le meilleur d’eux-mêmes pour remporter un trip à Islay et prendre part à la The Botanist Academy, une chance unique de découvrir la cueillette sauvage, The Botanist Gin et la Bruichladdich Distillery.

Feodora Van Calster, Pascal Buyse, Ásgeir Bergmann Pétursson, Bart Mertens, …sont là pour retirer la richesse des plantes sauvages, trouver l’ingrédient parfait et ainsi créer des cocktails incroyables.

Mais avant le stress de la finale, il était important de prendre des forces ! Et pas n’importe lesquelles, avez-vous déjà entendu parler de Humus et Hortense ? C’est une adresse bruxelloise incontournable que je rêvais depuis longtemps de découvrir. Basé sur les saisons et sur les déclinaisons végétales, le chef Nicolas Decloed nous sert un menu trois services à tomber. J’ai dû mal à croire que ses plats merveilleux trônent sur la table commune de Botanical by Alfonse, le pied ! L’esthétique de ses assiettes est aussi puissant que leur goût et je tombe amoureuse littéralement de son talent. L’âme, les yeux, le ventre, tout est nourri d’amour et de bonnes choses, une petite balade de digestion sur notre citadelle et la compétition peut commencer !

Du rire, de la technique, de l’originalité, des surprises ; les participants nous séduisent. Je n’aimerais pas être à la place des juges (Nicolas, Nick et Laura Centrella) car pour moi, ils gagneraient tous ! C’est finalement Ásgeir Bergmann Pétursson qui l’emporte avec un cocktail  issu d’une présentation soignée, farfelue et extrêmement touchante.

La soirée se termine et Nick Baeyens invité en guest qui prend les commandes de la station de bar. On s’assied avec mon amoureux et on profite pleinement de Botanical by Alfonse en se faisant pour la première fois servir, quoi de mieux pour finir en beauté ?

Toutes les photos sont celles de Fanny Myard  ❤

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Féodora

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// Mary White Compétition // la sélection

Un beau matin d’août, un mail particulier vient se glisser parmi les autres. Il est écrit dans la langue de Vondel et le seul truc que l’on y comprend est : Gefeliciteerd !

C’est à partir de là que l’histoire commence vraiment.

Valentin est pré-sélectionné pour la compétition Bloody Mary White et donc invité à concourir car sa recette a plu et j’en suis la plus heureuse !

Un représentant de la distillerie et de la compétition, va sentir, goûter et éplucher chaque ingrédient du cocktail. La boisson sera examinée à la loupe, disséquée, elle devra répondre à bien des critères afin d’espérer accéder au stade supérieur. Et ce stade, c’est l’étape clé, l’opportunité de présenter sa création à un jury hors norme composé d’Hannah Van Ongevalle, de Rémy Savage et de Dieter Moeyaert

 

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Le jury de la compétition Bloody Mary White

Mon amoureux a la joie au cœur et un filet d’anxiété sous la peau qui se glisse jusqu’à moi quand il me prend dans ses bras.

L’effet de surprise passé, notre appartement est baigné d’allégresse ! Nos ambitions, aspirations, désirs et rêves s’entrechoquent dans des discussions animées et provoquent une vive émotion dans nos caboches. Et dire, qu’il osait à peine s’inscrire !

C’est Hannes qui s’occupe de représenter la Deluxe Distillery et c’est à lui qu’incombe la sérieuse responsabilité de sélectionner les meilleures recettes à travers plusieurs pays.

Lors d’un après-midi ordinaire, il nous téléphone et sans crier gare, nous annonce vivement qu’il arrive pour tester le cocktail de Valentin !! Vous pourriez penser que ce n’est pas très sympa de débarquer comme ça, à l’improviste, mais détrompez-vous, si Hannes nous fait le plaisir de nous surprendre, c’est que par deux fois nous avons failli ne pas concourir pour incompatibilité d’agenda ! En venant jusqu’à Namur, il assure à Valentin une chance de poursuivre l’aventure.

Du coup, voilà qu’Hannes est en route! Courtrai-Namur, ça nous laisse combien de temps  ?  Deux heures ! Tout au plus, si on a de la chance et qu’il est retenu dans la circulation !

Challenge accepted ! En deux heures, il faut préparer un lait de pistache maison et faire prendre à la vodka Mary White un fat-washing à l’avocat ( Sérieux , y’avait pas moyen de faire plus compliqué ?) , et enfin soumettre à Hannes un cocktail du feu de dieu qu’il ne pourra pas oublier !

Petit détail supplémentaire, parce que nous aimons la difficulté : n’ayant pas de bar fixe mais une jolie caravane qui sommeille dans un garage sombre, il nous faut en 1/4 de tour, sortir le véhicule et lui dégoter un lieu accessible et joli ! On ne va quand même pas servir Hannes dans une allée de garages !

Après quelques cris d’excitation et d’exaltation, après un bons nombres de sprints et de mouvements en tout genre, il reste 5 min et 36 sec avant l’arrivée d’Hannes.

Honnêtement, ce n’est pas dans mes habitudes de courir. Avoir autant secoué mon corps m’a fait suer comme un festivalier en « abl » à Dour.  Une dernière foulée et à demi morte, j’arrive devant Alfonse ; le spectacle qui m’y attend me fait exploser de rire ! Alfonse est dans l’herbe au bord de la capitainerie namuroise, le soleil est orange et son éclat brille autant sur la Meuse que dans le ciel au dessus de la citadelle. J’entends les clapotis des par-battages et le bois du ponton qui grince quand il monte et descend sur le rivage. Le cadre est parfait, la seule chose qui cloche, c’est Alfonse qui tangue dangereusement sur le halage. C’est comme s’il avait deux pneus crevés du même coté !

Là, j’aperçois  Valentin qui, manivelle en main, cheveux ébouriffés et regard fou, se bagarre avec les patins de la caravane. Alfonse est trop penché, ses étagères sont vides, une allonge électrique lui sort du derrière comme une queue qui se déroule à l’extérieur et ne se raccroche à rien.

A cet instant, deux souliers noirs descendent vers la capitainerie. Je peux les voir et les entendre : ils sonnent comme les talons de l’inspection (- Mon dieu, j’ai peur que Valentin ne rate sa prestation faute de temps, c’est un shaker qu’il devrait secouer, pas une manivelle !).

En partant des souliers, mon regard remonte sur le juge et tombe nez à nez avec des yeux brillants de bienveillance. Hannes après deux heures de route, m’a l’air franchement sympathique comme garçon ! Son visage paisible me détend et j’encourage Valentin à commencer son premier cocktail.

Le Mary and Jasmine est, contre toute attente, posé sur le bar prêt à être bu. La lumière du bord de l’eau scintille sur le verre et sur la surface du liquide qui suit la même horizontale que le bar. Le cocktail, né dans la précipitation, est aussi oblique qu’Alfonse.

Hannes goûte, une fois, deux fois, mais ne laisse rien transparaître. Amical, il nous remercie chaleureusement puis s’en retourne pour deux heures de route.

Je vois bien que mon amoureux est déçu de son service.  Iy ne dit mot jusqu’à tard ce soir là. Il en va de même pour Alfonse qui roule silencieusement jusqu’à son garage. Il est aussi déçu, lui qui aime être beau, illuminé et bien décoré;  il était vide, bancal et pas même branché.

Valentin est amer, il me demande ce qui l’a poussé à s’inscrire, il me parle de ses maigres chances face aux autres bartenders, toujours plus inventifs et talentueux. Je lui prends la main et lui chuchote que pour moi, c’est lui le grand gagnant.

Les jours passent sans nouvelle d’Hannes, peu à peu la déception teintée d’espoir fait place à la résignation.

Puis un soir, un email vient rompre toutes nos certitudes : il est sélectionné ! Il passera devant le jury et c’est certain, maintenant, plus rien ne peut l’arrêter !

A suivre…

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Le Mary and Jasmine